dimanche 6 juillet 2014

Djibouti : Opposition USN sérieuse et crédible ?





L'état de délabrement du pays est tel que la propagande du régime « vision 2035 » fait figure pale face à la réalité. Jamais, dans l’histoire du pays, il n’y a eu autant d’entrée de flux d’argent et au même temps autant de désœuvrement : pénurie alimentaire, système sanitaire et  éducatif aux abois, aléa énergétique. Le contraste entre la beauté des villas construites avec l’argent publique et la misère du peuple est si criant que même les organismes internationaux commencent à monter au créneau pour dénoncer la mal gouvernance. Les appels des organismes onusiens pour aider le peuple touché par la famine se multiplient  sans que cela n’émeuve la junte des kléptomans au pouvoir.

La mal gouvernance, le clientélisme, l’ethnocratie ou la médiocratie sans parler de la corruption ont atteint des sommets qu’il est très difficile, voire impossible de retrouver un état en fonctionnement normal sous l’ère du  système actuel.

L’administration est paralysée par des conflits des personnels. Aucune structure du régime n’échappe au disfonctionnement généralisé du régime en fin de vie.

Ce dans ce contexte qu’on a retrouvé une opposition regroupée et sensible   aux intérêts du pays pour la première de l’histoire de Djibouti.

L’opposition était le talent d’Achille du système politique à  Djibouti. Un ministre français me disait un jour « vous voulez qu’on fasse qu’on confiance à quelle opposition, celle qu’iog manipule à son grès ? ». Effectivement,  certains qui ont porté cette étiquette de l’opposition ont sali le nom de l’opposition par leur retournement de veste. François Mitterrand disait : « du génie, c’est très rare, de l’intelligence, tout le monde en a un peu,  c’est avec de la persévérance qu’on fait la différence ». Et, il faut se l’avouer, la persévérance n’est pas un terme familier dans l’opposition djiboutienne à quelque rare exception près. Quelques  liesses de billets de la dictature et quelques séances de tortures suffisaient  à faire plier les quelques individus opportunistes qui s’aventuraient dans le champ de l’opposition sous la dictature Guelleh.  D’après des sources proches du dictateur, celui-ci disait même  « j’ai un opposant et quelques déçus ».  Certains diront qu’il parlait du feu Ahmed Dini, d’autre de Daher Ahmed Farah (DAF), l’indomptable leader du MRD et porte-parole de l’USN. Mais toujours est-il que ces deux hommes sont célèbres pour leur persévérance dans la lutte.   Allahu Rahmo Ahmed DINI est le père de l’indépendance djiboutienne, mais également le père de la timide ouverture démocratique du pays.
DAF, lui  a donné plus de la moitié de son existence à cette lutte démocratique,  de sa tendre enfance jusqu’aujourd’hui où il est le premier à subir les foudres de la dictature. Effectivement, la dictature le cible particulièrement avec des accusations des plus en plus loufoques, fallacieuses et hasardeuses au point d’être ridicules. Mais, le ridicule est la marque de fabrique du régime Guelleh encré dans le tribalisme et le clanisme à caractère « alimentaire ».

Si le peuple djiboutien a tourné le dos au régime Guelleh et a voté massivement pour l’opposition démocratique USN. L’engouement  qui aurait pu basculer le destin du pays, n’est pas encore visible dans les rangs de l’opposition.

Alors, la question que beaucoup des spécialistes de la question djiboutienne se posent est le pourquoi de ce décalage ?

Si le combat politique  de l’USN et les valeurs défendues sont plus qu’accueillies au sein de la communauté nationale et très prises au sérieux par la communauté internationale, la gestion du pouvoir de l’opposition est redoutée.

Le doute n’est pas lié à la compétence de l’opposition à exercer le pouvoir au contraire, la communauté nationale et internationale reconnaissent  qu’il y a des talents et des vrais leaders dans l’opposition à l’inverse de la bande des kléptomans au pouvoir.

Non, le problème de l’opposition est qu’elle manque de structures organisationnelles  pérennes au niveau de la gestion et du partage du pouvoir.

 La charte de l’USN avait cet objectif, mais au lieu de rassurer, elle a soulevé des craintes. Il y a beaucoup des manquements en matière des processus opérationnels.  Mais, elle a le mérite d’exister et  pourrait être améliorée à tout moment avec une volonté politique qui a du mal à émerger au sein des différents leaders et partis politiques. Il faudra pourtant traverser les ponts entre les partis si l’opposition djiboutienne veut prendre et exercer le pouvoir afin de changer la destinée du pays.

Contrairement aux ragots du régime en place, les puissances étrangères présentes à Djibouti n’ont pas des liens d’amitié avec le dictateur Guelleh, mais gardent jalousement leurs intérêts au point d’apparaitre « amies avec la dictature » aux yeux du peuple ce qui décourage un bon nombre de nos concitoyens.

Il faut reconnaitre que beaucoup des chancelleries occidentales comme le peuple djiboutien d’ailleurs attendent d’avoir de la lisibilité au sein de l’opposition.

Plus personne n’attend une solution de sortie de crise venant du régime. Sans décevoir les « optimistes » acharnés pour une solution négociée, le régime n’a aucun intérêt à négocier. Et avant de penser à une solution négociée, il faut créer un rapport de force qui  serait favorable à l’opposition!

Le régime djiboutien a déclaré plusieurs fois par la voix de son président, ou le fantomatique premier ministre ou président du parlement, sa volonté de décapiter l’opposition.
D’un autre côté, le régime djiboutien semble rentré dans l’après « dictateur iog » et les couteaux aiguisés sortent des placards dans une lutte interne  qui ne pressage rien de bon pour l’avenir du pays. Et, dans cette lutte interne, où un des deux clans en mauvaise posture essaie d’impliquer l’opposition dans cette sale guerre en utilisant certains nombres des satellites placés dans les rangs de l’opposition. Or, l’opposition doit se placer en dehors de ce combat à caractère « alimentaire » que les deux clans du régime se livrent. Elle doit incarner le rassemblement des familles ethniques, tribales et sociales pour insuffler le changement démocratique que le pays a tant besoin.  

Pour l’instant l’opposition a bien réussi la première phase de sa « révolution », mais hésite à changer de rythme et à donner un second souffle.

On a l’impression qu’elle reste engluée à la phase une, avec ses revendications et les répressions  du régime.

Jusqu’à présent, l’opposition djiboutienne a démontré son sérieux et son implication, mais peine à afficher sa crédibilité avec un processus, un programme et un plan de sortie de crise.  


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